lundi 1 janvier 2007

Patience

La Patience

En généalogie, comme en histoire, il arrive souvent que nos recherches s’enlisent, aboutissent à un cul de sac.

Mais il arrive aussi qu’une découverte inespérée survienne à tout moment, pour notre plus grande joie, une magnifique récompense pour les heures de démarches improductives.

Un tel événement m’est arrivé l’avant-veille de Noël.

On m’avait raconté, il y a plusieurs années déjà, qu’avait existé à Sherbrooke, ville où avaient emménagé mon arrière grand-père et deux de ses frères, une petite rue portant le nom de Ruelle Beaulieu, une petite artère sans doute privée à l’origine qui est disparue avec l’agrandissement de la Caisse populaire. C’est là, m’a-t-on dit, que se trouvait la résidence et l’atelier de Joseph BEAULIEU, frère d’Adhémar, mon arrière grand-père, et de Maximilien, tous trois venus du Bic au début des années 1880.

Malgré plusieurs tentatives, je n’ai jamais pu obtenir d’informations à ce sujet.

Or une recherche de tout autre ordre en collaboration avec un résident de Sherbrooke membre à long terme du Comité de toponymie municipal, m’a incité à lui demander le service d’une vérification.

La ruelle en question était pourtant portée aux archives, avec toutefois assez peu d’informations.

Par des échanges réciproques, nous avons pu compléter le dossier de cette venelle, de son propriétaire et de ses occupants. Comme quoi il ne faut pas se décourager.

En voici un résumé des résultats qui s’en sont ensuivis.

Ruelle Beaulieu à Sherbrooke (1908-1967)

BEAULIEU Joseph (Hudon dit Beaulieu). Entrepreneur en construction (1868-1934), ébéniste, menuisier, usine de portes et chassis

La ruelle a été ouverte par Joseph Beaulieu sur le lot 439 du canton d’Ascot. Il y demeurait et y avait, à l’origine, un atelier de menuiserie et d’entrepreneur en bâtiments.

À son retour de Lowell, Ma, où sont nés ses premiers enfants, on retrouve Joseph Beaulieu au 2 de la rue Council (actuelle rue du Conseil) de 1900 à 1903 et au 44 de la rue Bridge (actuelle rue King Est) de 1904 à 1907, donc près de la future ruelle Beaulieu. De 1908 à 1918, il est « builder and contractor – contracteur et entrepreneur de bâtisses » au 9 de la Beaulieu Lane et il demeure au 7.

En 1910, il est qualifié de Joseph sr, ce qui voudrait dire qu’il a un fils du même nom mais qui n’apparaît pas dans les annuaires. En 1925, son atelier est maintenant au 14 et il demeure au 10 de la ruelle Beaulieu, et ce jusqu’en 1933. Par contre, en 1927, on voit apparaître certains de ses enfants : Bernadette (couturière) et Imelda (couturière) au 10 de la ruelle Beaulieu et Léonard (menuisier) au 12 (mais probablement au 10). En 1928, il y a une Noëlla au 217 (sic !) — une double énigme — qu’on ne retrouve qu’entre 1949 et 1951 comme ouvrière, bonne ou aide domestique respectivement au 8 de la ruelle Beaulieu, au 63 de la rue Prospect et au 103 de la rue de Vimy.

De 1928 à 1932, Léonard est au 10 avec Bernadette et Imelda. À partir de 1933, l’atelier n’est plus mentionné, mais Joseph demeure toujours au 10 de la ruelle Beaulieu. Il décède en 1934 alors que sa veuve y demeure jusqu`son décès en 1942. Léonard, après son mariage en 1925 demeure au 10 jusqu’entre 1935 et 1938 alors qu’on le trouve au 25 de la rue Galt (Ouest) puis au 96 de la rue Saint-Louis jusqu’en 1941-1942 alors qu’il déménage à Montréal. Imelda demeure au 10 jusqu’à son décès en 1931.

Bernadette est commis et demeure au 31 de la rue du Couvent en 1932 année de son décès. Par contre, en 1933, on voit apparaître Jeanne au 10 de la ruelle Beaulieu, qui est employée de la Julius Kayser de 1938 à 1951. C’est la dernière des Beaulieu à demeurer sur la ruelle Beaulieu en 1950. Décédée vers 2000, elle a été la dernière survivante de Joseph.

Joseph Beaulieu est né au Bic en 1868 et est décédé à Sherbrooke en 1934. Ses parents sont Joseph HUDON-BEAULIEU et Scholastique MIVILLE-DESCHÊNES. Il a marié (1) Hermine ASSELIN le 15 Oct. 1886 à Windsor et (2) Marie-Louise LAMBERT le 5 Avril 1901 à Sherbrooke.

La ruelle a été ouverte en 1908 sous le nom de « Beaulieu Lane », puis le nom a été francisé entre 1917 et 1925 en « ruelle Beaulieu » et elle est disparue en 1967, pour devenir le stationnement de la caisse populaire de Sherbrooke-Est, construite depuis peu à l’angle des rues King Est et Bowen Sud. Comme c’était une très petite ruelle privée, elle n’était pas portée sur toutes les cartes ou plans de la ville consultés, ou bien elle l’était sans son nom.