mercredi 14 février 2007

Sommes-nous racistes? I

De retour après quelque temps occupé à d’autres nécessités.

Il s’est fait tout un boucan ces dernières semaines au sujet d’un geste d’affirmation culturelle et sociale du petit village de la Mauricie qu’est Hérouxville.

La nouvelle, mise en épingle par nos media sous des titres ronflants et de beaucoup provocateurs, a fait le tour du monde et suscité, ici et ailleurs, de nombreux commentaires plus ou moins épicés et catégoriques.

Un débat social, déjà existant en d’autres lieux, semble s’être engagé chez-nous. Poussé par l’opinion publique, notre frileux gouvernement s’est décidé à nommer une commission pour en débattre. On ne sait encore quelle forme prendra ce « tâtage » du pouls de la population.

À l’avance, je veux déposer ici mon petit grain de sel. Historiquement, qu’en est-il de notre attitude sociale envers les immigrés?

Tout d’abord, j’aimerais rappeler que l’espèce humaine s’est développée sur des millénaires par la migration d’individus, de familles, de tribus et parfois de peuples entiers.

Selon les régions du monde, les races se sont précisées par mutations, métissages, etc. Plus près de nous dans le temps et l’espace, les populations européennes ont connu des mixités nouvelles et bouleversantes par les diverses invasions qui ont eues lieu au cours des âges (teutons, germains, celtes, normands, latins, etc. pour n’en nommer que quelques unes et pas nécessairement dans l’ordre chronologique).

Plus près encore, les pionniers de notre pays sont venus des quatre coins (je devrais dire des cinq coins) de la France, ont vécu ensemble, entrepris conjointement d’élever une nouvelle nation en se mariant entre eux.

Il ne faut pas oublier qu’à cette époque, l’unité politique française était toute neuve et très fragile. Malgré les efforts royaux et des grands ministres, l’unité nationale du peuple était en lente construction et présentait périodiquement de vifs soubresauts.

À cet effet, la société coloniale en formation en Nouvelle-France peut être citée en exemple de cohésion, d’harmonisation malgré les disparités de provenance de ses membres.

Il faut garder aussi en mémoire que les difficultés de déplacements en France, et en Europe de façon générale, à cette époque (routes précaires, peu nombreuses, dangereuses même, avec en surplus une pauvreté généralisée du peuple) ne favorisaient pas les communications et les échanges sociaux et culturels.

La précarité de survie des plébéiens et les guerres incessantes ont amené quantité de gens de toutes nations à s’enrôler dans des armées étrangères toujours en besoin d’hommes, puis à s’installer dans leur pays d’adoption.

Cette situation sociale européenne et française n’a pas empêché l’immigration ici et l’intégration de citoyens portugais, allemands, italiens, écossais et même anglais sous le Régime français avant la Conquête, citoyens qui font partie de nos pionniers.

Cette Conquête, après une période répressive due à la morgue et à la crainte des conquérants, a accentué les immigrations écossaise et irlandaise chez nous. Leur intégration a bénéficié au développement économique et social, non sans heurts parfois, mais ceux-ci reliés avant tout à une question de langue ou de religion.

Depuis le 19e s., de nombreuses alliances matrimoniales se sont effectuées entre ces populations d’origines diverses, Qui n’a pas, aujourd’hui quelques gouttes de sang écossais, irlandais, anglais ou autre dans les veines?

Notre folklore, hélas de plus en plus oublié, notre cuisine, notre langue parlée et notre littérature ont grandement bénéficié de cette mixité.

Bien qu’on en fasse généralement peu de cas, il y eut, dès le Régime français, des cas de mariages (et des cas de concubinages aussi) entre Européens d’origine et Amérindiens. Et pas seulement dans l’ouest du pays, contrée de traite et d’isolement prolongé.

Les énoncés ci-dessus témoignent d’une attitude largement ouverte de notre population et une grande acceptation de la différence, quoi qu’on veuille en dire.

samedi 20 janvier 2007

Je ne suis pas fait pour travailler

Récemment, lors d’un moment d’introspection comme je m’en accorde épisodiquement, j’ai réalisé ce que mon titre vous annonce.

C’était, en retard mais quand même, un exercice relatif aux résolutions de la nouvelle année. Voulant me fixer des objectifs atteignables, je vérifiais mes besoins matériels, pécuniaires et psychologiques.

Je passais en revue mes engagements et mes actions de l’année écoulée, j’en faisais le bilan et j’essayais d’estimer l’importance à leur accorder dans la nouvelle année et de voir ce que je voulais réaliser. Je regardais également les besoins de mon entourage, de mon milieu, et les moyens ou actions aptes à les satisfaire.

Tant de choses se présentaient et s’accumulaient que je ne voyais pas le moyen de choisir un plan d’action déterminé.

C’est alors qu’une lumière s’est faite. Il m’est sauté en pleine figure que, malgré la nécessité et l’importance du matériel dans la vie, il me manquait une affinité de pensée, d’attachement et de motivation à mettre tous mes efforts possibles à l’acquisition de ce qu’on appelle le confort matériel et les exigences quotidiennes.

La primauté de mes intérêts profonds m’est apparue comme essentiellement dirigée vers l’action sociale, l’implication dans mes communautés proches et élargies.

Toute ma vie j’ai été profondément impliqué dans des organisations diverses à divers titres. Comme plusieurs, je ne peux que remarquer la désaffection à l’engagement social, suite à l’individualisme croissant dans notre société et à la présence de la course effrénée à l’acquisition de biens matériels.

Combien d’organismes nécessaires et efficaces dans leur milieu disparaissent chaque année faute d’implication des gens. Pourtant, paradoxe inextricable, les besoins de tous ordres augmentent.

Matériellement, notre société (enfin une partie) s’améliore peu à peu, socialement elle régresse. Jusqu’à quel point l’espèce humaine, dans nos communautés et partout dans le monde, agit-elle en fonction de ses aspirations innées?

Rendu en dernière étape de ma vie, je sais que je pourrais mettre les acquis des décennies antérieures, et je le voudrais, au service de ma société, même de la société mondiale. Cette énergie qui bouillonne en moi et, heureusement, cette bonne santé dont je bénéficie encore seraient tellement utiles dans plusieurs domaines, les besoins étant si grands!

Mais voilà, les préoccupations très terre à terre s’imposent et ne peuvent être évitées au grand dam de ce qui m’intéresse vraiment.

C’est pour ça que je découvre que je ne suis pas fait pour travailler. Travailler au sens d’accomplir des tâches en échange d’un revenu personnel approprié à la satisfaction de mes besoins matériels.

Certains ouvrages de science-fiction ont décrit un monde futur où le côté matériel est entièrement dévolu à des robots dirigés par un super ordinateur, ce qui laisse l’humain se dévouer à l’évolution de la pensée, des sciences et de l’âme.

C’est utopique, j’en conviens, mais je reconnais que je me verrais bien dans ce monde-là.

Ce n’est pas la réalité actuelle toutefois, et je dois faire des choix, comme bon nombre d’entre nous, au détriment d’une participation au développement social et spirituel de l’humanité. Pourtant, il y a tant à faire et si peu de personnes à s’engager!

mercredi 10 janvier 2007

Un hiver ou pas?

La nature est devenue capricieuse et instable.

Il semble que l’hiver ne se décide pas à s’installer. À peine avons-nous un légère baisse de température qui facilite une mince couche de neige blanche d’un centimètre et demi ou deux, que cette température remonte pour fracasser des records de plusieurs décennies.

Aurons-nous finalement une partie de saison qui portera son nom d’hiver?

Nous, les gens d’un âge certain, nous faisons dire que nous radotons lorsque nous racontons les hivers de notre enfance.

Et pourtant je ne suis pas sénile (même si c’est moi qui le dit) et je me souviens très bien d’hivers avec plusieurs tempêtes de trois et quatre jours où toute circulation était bloquée, même celle de ces chemins de fer.

Je me souviens également d’avoir glissé en traîneau et sur des cartons du sommet du toit de la maison d’un de mes oncles, quand même une maison de deux étages.

Mais… celle-là je vous jure que je ne peux pas m’en souvenir et pour cause, j’ai déjà lu qu’au début du 19e s., en 1802, je crois bien, l’hiver s’annonçait si doux que des cultivateurs ont terminé leurs labours en fin de novembre et en décembre et que l’un d’eux aurait semé et récolté de la laitue avant les Fêtes.

Avec les pluies quasi constantes que nous avons eues et avons encore depuis des mois, nul doute que cet exploit ne peut être répété autrement qu’en serre, on s’entend bien.

Parlant de serres, les serristes doivent être relativement contents, car notre hiver de froidure leur ménage habituellement leurs dépenses les plus lourdes de l’année. Ils s’en tirent donc à assez bon compte cette année en bout de ligne.

Mais l’hiver n’est pas fini et rien ne dit qu’il ne se prolongera pas au-delà de sa période coutumière, ignorant les dates et peut-être les pages du calendrier.

Ceux qui raffolent de l’hiver et l’attendent avec impatience sont morfondus pendant que ceux qui le détestent se réjouissent. Qui rira le dernier, pensez-vous?

Quel que soit le résultat de vos réflexions, de vos souhaits ou de vos paris, je vous laisse en cadeau un petit souvenir du 6 mars 2004.

mardi 9 janvier 2007

Des cadeaux

Lors d’une réunion de famille du Temps de Fêtes, j’ai voulu donner à mes jeunes neveux une leçon d’histoire et de choses.

Mais précisons d’abord le contexte.

Ces neveux, pré-pubères, sont les enfants du cadet de ma génération, lui-même marié à l’âge mûr. Il y a donc plus de 55 ans de différence d’âge entre mes neveux et moi. Ces enfants sont énormément gâtés par leurs grands-parents maternels (cadeaux fréquents et de prix).

J’ai donc conçu un petit scénario pour le moment de la remise de leur cadeau.

Cet instant arrivé, moment qu’ils attendaient fébrilement, pour ne pas dire avec un peu d’impatience, je leur fis fermer les yeux et tendre la main. J’y déposai une mandarine.

Les yeux subitement grand ouverts, la stupéfaction et la déception se sont largement inscrites sur leur visage, au point qu’ils ne voyaient pas que mon sac de cadeaux était encore ouvert tout près.

Je leur demandai alors, connaissant la réponse, s’ils se rappelaient encore de leur Mamie décédée il y a quelques années dans leur plus jeune âge.

Suite à leur réponse positive, je leur expliquai qu’autrefois, lorsque leur grand-maman était petite comme eux au début du siècle dernier, la pratique des cadeaux était bien différente de celle d’aujourd’hui.

C’était dû, tout d’abord, au fait que l’argent était rare pour l’ensemble des gens et aussi que l’esprit des Fêtes n’était pas le même.

Pour beaucoup d’enfants, le cadeau était une orange, un fruit rare à l’époque et d’autant apprécié et surtout disponible à ce temps de l’année. Parfois pouvait s’ajouter une canne en bonbon, éventuellement une poupée de chiffons pour les petites filles, une ardoise lorsque les enfants commençaient à aller à l’école ou un autre objet pratique tel qu’un canif pour les garçons plus vieux, une tuque, un foulard, des mitaines, tricotés par la mère, la grand-mère, la marraine ou une sœur aînée.

Si le père était habile de ses mains, un traîneau, une voiturette, une cheval de bois à bascule ou sur roulettes ou autre pouvait soudain apparaître derrière la porte d’un garde-robe ou derrière le divan, — l’atelier du père ayant été interdit d’accès depuis quelques semaines.

Le sapin de Noël naturel, que plus souvent qu’autrement on allait chercher dans le bois de la ferme — ou d’un voisin qui le permettait —, déjà une tradition depuis longtemps, n’avait pas l’allure qu’on s’efforce de lui donner aujourd’hui.

Point n’existait, chez les gens ordinaires, les boules de verre colorées (encore moins celles de plastique), les glaçons argentés, les lumières (pas d’électricité alors dans grand nombre de demeures).

Les décorations étaient de fabrication maison : figurines de carton coloré, de papier mâché ou de bois « gossé » au couteau, rubans ou cordons de couleurs.

La crèche, indispensable, souvent créée par le père ou transmise de génération en génération avec ajout à chacune, était l’attrait principal ou unique sous le sapin.

Quelques jours avant Noël, on accrochait à la rampe de l’escalier menant à l’étage, ou parfois au sapin même, un bas marqué au nom de chacun ou identifié par sa couleur. C’est dans ce bas que les enfants — les adultes aussi — trouvaient leurs cadeaux. J’écris leurs cadeaux parce que, les enfants devenant plus vieux pouvaient être incités à faire des cadeaux aux plus jeunes ou à leurs parents.

L’apparition de nombreux produits manufacturés, surtout après la Première Guerre Mondiale (14-18), puis une diffusion à grande échelle de catalogues de magasins comme Eaton’s, Simpson’s, Dupuis Frères, a rendu plus accessible une multitude d’objets de toutes sortes, transformant peu à peu la pratique des cadeaux.

Il ne faut surtout pas s’illusionner. Les restrictions du temps de guerre (14-18), la Grande Crise de 1929-1939 qui a vite crevé le ballon de la croissance économique de l’après-guerre, suivie du rationnement requis par l’effort de guerre de la Deuxième Grande Guerre (39-45) n’ont pas permis une évolution rapide du nombre et de la qualité des cadeaux, les besoins primaires étant les premiers satisfaits.

C’est le boom économique suivant qui a tout changé.

Du temps de nos grands-parents —je parle évidemment de ma génération qui a connu la fin de la première moitié du dernier siècle — et de leurs parents, la primauté des réjouissances du Temps des Fêtes c’était de réunir autour d’eux leur nombreuse famille et de fêter ensemble par des repas plantureux hors de l’ordinaire, danser, chanter, être heureux dans le cocon familial. Parfois s’y joignaient des voisins ou amis proches, et dans certaines familles on y faisait participer une personne seule ou démunie.

Cette période s’étendait de Noël jusqu’aux Rois (6 janvier) avec au Jour de l’An la visite de maison en maison pour l’échange de vœux.

Note. Je n’ai pas tout raconté ça à mes neveux. Je leur en ai transmis, je crois, l’essentiel pour qu’ils puissent réaliser que ce n’est ni l’ampleur du cadeau, ni son prix, ni même la réponse à leur souhait qui est l’important, mais que c’est la pensée, le geste, l’offre, l’amour qui est exprimé par le don, quelle qu’en soit la valeur monétaire, qu’il faut savoir reconnaître.

samedi 6 janvier 2007

Joyeux Noel

Oui, je sais, les Fêtes sont finies. Noël est passé, puis le Jour de l’An et même les Rois. (Vous souvenez-vous encore de quelle fête c’est les Rois ou l’Épiphanie?) Parce qu’autrefois les Rois ça faisait partie intégrale des Fêtes, c’en était même la clôture.

Mais ce n’est pas là le sujet de ce mot. Joyeux Noël, c’est le titre d’un film. Un film que je vous invite fortement à voir.

C’est un film français — comme français de France — réalisé par Christophe ROSSIGNON.

Je ne vous en conte pas l’histoire parce que cela serait tout gâcher. Mais laissez-moi quand même vous dire certaines choses.

1. C’est un film de guerre. Mais un film de guerre tellement spécial qu’il n’y a presque pas de guerre, du moins pas de guerre comme celle à laquelle on nous a habitué, à l’américaine.

2. C’est une narration aussi près que possible d’un événement très particulier et hors du commun de la Première Grande Guerre (1914-1918).

3. C’est un film qui nous fait voir un côté de la guerre auquel nous ne sommes pas habitués, mais qui est pourtant très réel et auquel nous devrions porter attention.

4. Il n’y a pas de super héros — à l’américaine encore une fois —, mais il y en a plein dans le film.

5. La trame est soutenue et sans faille, la musique exceptionnelle, le jeu des acteurs à la fois réfléchi, juste et émouvant.

6. Je vous donne quand même un indice : l’événement se passe la veille de Noêl, du premier Noêl de cette guerre, sur le front, dans les tranchées, et a été vécu par de nombreux soldats.

Le réalisateur a pris trois ans et des mesures très particulières pour faire ce film. Il y a mis un soin jaloux et cela paraît du début à la fin. D’ailleurs les scènes coupées au montage et les narrations des intervenants — scénariste, acteurs, compositeur… — sont presque aussi intéressantes que le film. C’est aussi à voir et à écouter. Durée : 116 min.

Malgré le sujet, c’est un film classé Pour tous, donc qui peut être vu en famille, ce que je vous incite d’ailleurs à faire puisqu’il peut (devrait en fait) mener à des échanges intéressants après son visionnement.

Ne tardez pas à le louer et à le visionner pendant qu’il flotte encore dans l’air un peu des arômes et du véritable esprit de Noël.

Et donnez-m’en des nouvelles.

vendredi 5 janvier 2007

Tentaive de suicide…

Tentative de suicide…

Je viens de lire, dans un journal de Montréal (Le… en effet, quel autre!) le récit d’une tentative de suicide avortée grâce au dévouement et à l’héroïsme de deux jeunes gens.

Une dame de 73 ans stationne sa voiture au bord des quais de Saint-Jean-sur-Richelieu à la sortie du canal de Chambly et se jette à l’eau. Un passant, témoin de la scène avertit immédiatement les clients d’un bar situé à quelques mètres. Un jeune homme se porte à son secours en plongeant et la rejoignant, la ramène au quai malgré ses récriminations pour que les personnes agglomérées sur les lieux puissent la ramener sur terre.

L’effort est trop exigeant sans doute à cause du poids accru des vêtements de la dame qui a conservé son manteau. D’ailleurs, la tentative de la soulever hors de l’eau par le capuichon de son vêtement s’avère inefficace, celui-ci se déchirant ce qui a fait basculer la dame à l’eau.

Un deuxième jeune homme se jette à son tour dans les ondes glaciales pour porter aide au premier qui s’épuise et est rapidement gagné par le froid. À eux deux, les secouristes de circonstance ont pu mener la dame à une échelle fixée au quai tout près ou d’autres ont pu prendre la reléve.

Voilà pour le fait et voici pour mes réflexions.

Ce n’est pas d’aujourd’hui que le suicide et les tentatives de suicide existent. L’Histoire, qu’elle soit antique, orientale, occidentale, méridionale, nordique ou autre, est pleine de cas, évidemment de personnages célèbres, qui se sont suicidés pour sauver leur honneur ou l’honneur de leur famille ou par simple mal d’amour ou de l’âme.

Nous avons tous entendu parler des kamikaze japonais qui ont horrifié les populations à la dernière guerre ou des samouraï qui se faisaient hara-kiri suite à des échecs ou sur commande de leur suzerain. Depuis quelques années nous sommes abreuvés quotidiennement d’actions suicidaires de jihad au Moyen-Orient ou ailleurs.

Nous avons peut-être connu, dans notre entourage, un événement de suicide d’un proche ou d’une connaissance.

Autrefois, sous l’égide de la religion qui commandait la vie de chacun, le suicide était interdit sous peine de damnation éternelle garantie. Le suicidé se voyait refuser les funérailles religieuses (donc absence totale de funérailles puisqu’il n’y avait pas d’autres alternatives) ainsi que l’inhumation en terre chrétienne donc au cimetière.

La disposition du corps du suicidé se faisait à la hâte et en cachette et souvent hors de la communauté de résidence de l’individu. En des temps plus reculés (ici-même au Régime français, le suicidés étaient jugés en cour civile et exposés sur la place publique).

Pour la famille, c’était la honte et même l’opprobre dans leur milieu de vie qui menaient régulièrement à la dispersion de la famille en milieu étranger et souvent au décès prématuré des père et mère qui ne pouvaient supporter la déchéance causée par leur enfant.

J’ai eu, il n’y a pas longtemps, connaissance d’un fait qui remonte à quelques décennies seulement, de l’achat à très bon prix d’une propriété invendue depuis un temps assez long, propriété mise en vente suite au suicide de son propriétaire mais dont l’événement avait été caché aux acheteurs et qui n’ont appris que plus tard la cause de « leur bonne fortune ».

Heureusement, notre société a évolué à ce sujet et les cas de suicide suscitent plutôt de la commisération auprès des proches et des connaissances et le désaveu social est disparu.

Mais revenons à cette dame de l’événement des derniers jours.

Propriétaire d’une voiture, vêtue d’un manteau ou d’un surtout d’hiver, donc pas totalement dénuée de moyens, âgée de 73 ans, donc ayant un vécu important, cette dame décide d’en finir avec la vie, choisit le moyen de sa disparition et l’exécute en laissant une lettre de suicide dans sa voiture avant de poser le geste qu’elle voulait fatal.

Toutefois, malgré sa préparation qu’elle a sans doute jugée adéquate, elle a négligé de conserver l’anonymat en opérant par exemple de nuit ou à tout le moins à une distance appréciable d’endroits fréquentés.

Sa décision était franche et nette, mais son état d`âme qu’elle ne contrôlait plus l’a trahie.

Que de douleur devait supporter cette femme, de mal de vivre, pour poser ce geste. Nous ne connaîtrons sans doute jamais les raisons qui l’ont amenée à cette action en principe sans retour.

Quelle qu’en ait été la cause, les émotions qui l’habitaient devaient lui être insoutenables et le recours à des aides externes inadéquat ou impossible.

De nombreux livres et articles, de nombreuses théories existent pour expliquer le suicide. J’avoue ne jamais avoir été porté àe lire attentivement aucun d’eux.

Mais je ne peux quand même pas m’empêcher de ressentir une grande empathie pour ces gens, qu’ils réussissent ou non leur tentative. J’essaie d’imaginer le trouble dans leur esprit, dans leur âme, et leur profond découragement devant la mesquinerie que la vie leur a probablement ou potentiellement offerte.

Je souhaite à cette dame malheureuse (et aurais souhaité à ceux qui sont disparus) de pouvoir trouver une âme compatissante (pas nécessairement un technologue) pour la soutenir dans son cheminement.

mardi 2 janvier 2007

D’ici et d’ailleurs

Clin d’œil

Albert Einstein : « Si un bureau désordonné est le signe d’un esprit désordonné, qu’en est-il alors du bureau vide? »

D’ici et d’ailleurs

La lecture de la revue L’Histoire de décembre dernier m’a suscité quelques réflexions.

Des mouvements sociaux d’ici (et même politiques depuis peu) entretiennent une pression sur les divers paliers de gouvernements pour un accroissement considérable du parc immobilier destiné aux moins nantis.

Bien que la situation soit moins cruciale chez-nous qu’ailleurs, elle demeure importante. Et il y a lieu d’entrevoir, à la lumière de l’histoire récente, comment une situation qui perdure peut dégénérer en crise sociale majeure, comme il s’est produit en France à l’automne 2005.

Lors de la Guerre de 39-45, 460 000 immeubles avaient été détruits et 1,9 millions endommagés, créant un problème d’envergure d’ordre social mais également d’ordre sanitaire.

En effet, dès 1946 le programme de reconstruction nationale devait prendre en compte, dans les démarches de reconstruction, de l’absence généralisée d’infrastructures sanitaires en milieu urbain (vieilles cités) et même en nouveau territoire (aqueducs et égouts).

À la fin du programme en 1954, la moitié des logis anciens ne possédaient ni sanitaires ni W.C. intérieurs et plus de la moitié n’avaient même pas l’eau courante selon le recensement 1954.

Pour faire face aux besoins aigus, au début des années 1950 on construisait 100 000 logements par an, et ce fut 300 000 en 1958. Dans les années 1970, c’était 550 000 par an. C’est ainsi que le parc immobilier s’est accru de 8 millions de logements de 1953 à 1975.

D’environ 500 000 logis sociaux (HBM : Habitations à Bon Marché) en 1946, on était passé à 3 millions en 1986, dont un grand nombre n’offraient que l’eau courante.

Avec l’abandon des anciennes colonies, le retour des ressortissants français au pays et l’avalanche d’immigrants de toutes provenances et de toutes catégories, les grandes municipalités et particulièrement Paris ont vu se multiplier les bidonvilles. Les nouveaux arrivants en recherche d’amélioration de leur sort s’accommodaient des vieux logis insalubres et les surpeuplaient ou en se construisaient des bicoques sur des terrains squattés.

La situation économique des résidents des nouvelles habitations (majoritairement des ouvriers, des collets blancs et de petits et moyens cadres) s’améliorant avec le boom économique, leur place fut prise par une majorité d’immigrants légaux ou non.

Comme un grand nombre de ces constructions (les barres — de grandes boîtes multi-logements de forme rectangulaire allongée — et les tours) élevées à la hâte n’offraient pas de services de proximité d’aucune sorte, à l’exception de quelques rares petites écoles, un ferment subversif se fit jour peu à peu qui explosa en 2005 avec les conséquences que nous avons sues.

Nous n’en sommes pas là, heureusement, mais l’élargissement continu et croissant du fossé entre les riches et les pauvres de notre pays, de notre province, devrait attirer l’attention de nos dirigeants sur cette leçon de l’histoire récente afin d’éviter que le même phénomène se produise chez-nous.

Ne répétons-nous pas à satiété à propos de tout qu’ « il vaut mieux prévenir que guérir »?

L’histoire des Québécois de souche nous montre que ce peuple a une capacité étonnante d’endurer. Mais ne constatons-nous pas que ce peuple devient peu à peu minoritaire?

D’autres influences s’exercent et s’accroissent dans notre société lancée dans un mouvement irrépressible.

Les décideurs-trésoriers de notre société devraient prendre garde.