mercredi 14 février 2007

Sommes-nous racistes? I

De retour après quelque temps occupé à d’autres nécessités.

Il s’est fait tout un boucan ces dernières semaines au sujet d’un geste d’affirmation culturelle et sociale du petit village de la Mauricie qu’est Hérouxville.

La nouvelle, mise en épingle par nos media sous des titres ronflants et de beaucoup provocateurs, a fait le tour du monde et suscité, ici et ailleurs, de nombreux commentaires plus ou moins épicés et catégoriques.

Un débat social, déjà existant en d’autres lieux, semble s’être engagé chez-nous. Poussé par l’opinion publique, notre frileux gouvernement s’est décidé à nommer une commission pour en débattre. On ne sait encore quelle forme prendra ce « tâtage » du pouls de la population.

À l’avance, je veux déposer ici mon petit grain de sel. Historiquement, qu’en est-il de notre attitude sociale envers les immigrés?

Tout d’abord, j’aimerais rappeler que l’espèce humaine s’est développée sur des millénaires par la migration d’individus, de familles, de tribus et parfois de peuples entiers.

Selon les régions du monde, les races se sont précisées par mutations, métissages, etc. Plus près de nous dans le temps et l’espace, les populations européennes ont connu des mixités nouvelles et bouleversantes par les diverses invasions qui ont eues lieu au cours des âges (teutons, germains, celtes, normands, latins, etc. pour n’en nommer que quelques unes et pas nécessairement dans l’ordre chronologique).

Plus près encore, les pionniers de notre pays sont venus des quatre coins (je devrais dire des cinq coins) de la France, ont vécu ensemble, entrepris conjointement d’élever une nouvelle nation en se mariant entre eux.

Il ne faut pas oublier qu’à cette époque, l’unité politique française était toute neuve et très fragile. Malgré les efforts royaux et des grands ministres, l’unité nationale du peuple était en lente construction et présentait périodiquement de vifs soubresauts.

À cet effet, la société coloniale en formation en Nouvelle-France peut être citée en exemple de cohésion, d’harmonisation malgré les disparités de provenance de ses membres.

Il faut garder aussi en mémoire que les difficultés de déplacements en France, et en Europe de façon générale, à cette époque (routes précaires, peu nombreuses, dangereuses même, avec en surplus une pauvreté généralisée du peuple) ne favorisaient pas les communications et les échanges sociaux et culturels.

La précarité de survie des plébéiens et les guerres incessantes ont amené quantité de gens de toutes nations à s’enrôler dans des armées étrangères toujours en besoin d’hommes, puis à s’installer dans leur pays d’adoption.

Cette situation sociale européenne et française n’a pas empêché l’immigration ici et l’intégration de citoyens portugais, allemands, italiens, écossais et même anglais sous le Régime français avant la Conquête, citoyens qui font partie de nos pionniers.

Cette Conquête, après une période répressive due à la morgue et à la crainte des conquérants, a accentué les immigrations écossaise et irlandaise chez nous. Leur intégration a bénéficié au développement économique et social, non sans heurts parfois, mais ceux-ci reliés avant tout à une question de langue ou de religion.

Depuis le 19e s., de nombreuses alliances matrimoniales se sont effectuées entre ces populations d’origines diverses, Qui n’a pas, aujourd’hui quelques gouttes de sang écossais, irlandais, anglais ou autre dans les veines?

Notre folklore, hélas de plus en plus oublié, notre cuisine, notre langue parlée et notre littérature ont grandement bénéficié de cette mixité.

Bien qu’on en fasse généralement peu de cas, il y eut, dès le Régime français, des cas de mariages (et des cas de concubinages aussi) entre Européens d’origine et Amérindiens. Et pas seulement dans l’ouest du pays, contrée de traite et d’isolement prolongé.

Les énoncés ci-dessus témoignent d’une attitude largement ouverte de notre population et une grande acceptation de la différence, quoi qu’on veuille en dire.

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