vendredi 5 janvier 2007

Tentaive de suicide…

Tentative de suicide…

Je viens de lire, dans un journal de Montréal (Le… en effet, quel autre!) le récit d’une tentative de suicide avortée grâce au dévouement et à l’héroïsme de deux jeunes gens.

Une dame de 73 ans stationne sa voiture au bord des quais de Saint-Jean-sur-Richelieu à la sortie du canal de Chambly et se jette à l’eau. Un passant, témoin de la scène avertit immédiatement les clients d’un bar situé à quelques mètres. Un jeune homme se porte à son secours en plongeant et la rejoignant, la ramène au quai malgré ses récriminations pour que les personnes agglomérées sur les lieux puissent la ramener sur terre.

L’effort est trop exigeant sans doute à cause du poids accru des vêtements de la dame qui a conservé son manteau. D’ailleurs, la tentative de la soulever hors de l’eau par le capuichon de son vêtement s’avère inefficace, celui-ci se déchirant ce qui a fait basculer la dame à l’eau.

Un deuxième jeune homme se jette à son tour dans les ondes glaciales pour porter aide au premier qui s’épuise et est rapidement gagné par le froid. À eux deux, les secouristes de circonstance ont pu mener la dame à une échelle fixée au quai tout près ou d’autres ont pu prendre la reléve.

Voilà pour le fait et voici pour mes réflexions.

Ce n’est pas d’aujourd’hui que le suicide et les tentatives de suicide existent. L’Histoire, qu’elle soit antique, orientale, occidentale, méridionale, nordique ou autre, est pleine de cas, évidemment de personnages célèbres, qui se sont suicidés pour sauver leur honneur ou l’honneur de leur famille ou par simple mal d’amour ou de l’âme.

Nous avons tous entendu parler des kamikaze japonais qui ont horrifié les populations à la dernière guerre ou des samouraï qui se faisaient hara-kiri suite à des échecs ou sur commande de leur suzerain. Depuis quelques années nous sommes abreuvés quotidiennement d’actions suicidaires de jihad au Moyen-Orient ou ailleurs.

Nous avons peut-être connu, dans notre entourage, un événement de suicide d’un proche ou d’une connaissance.

Autrefois, sous l’égide de la religion qui commandait la vie de chacun, le suicide était interdit sous peine de damnation éternelle garantie. Le suicidé se voyait refuser les funérailles religieuses (donc absence totale de funérailles puisqu’il n’y avait pas d’autres alternatives) ainsi que l’inhumation en terre chrétienne donc au cimetière.

La disposition du corps du suicidé se faisait à la hâte et en cachette et souvent hors de la communauté de résidence de l’individu. En des temps plus reculés (ici-même au Régime français, le suicidés étaient jugés en cour civile et exposés sur la place publique).

Pour la famille, c’était la honte et même l’opprobre dans leur milieu de vie qui menaient régulièrement à la dispersion de la famille en milieu étranger et souvent au décès prématuré des père et mère qui ne pouvaient supporter la déchéance causée par leur enfant.

J’ai eu, il n’y a pas longtemps, connaissance d’un fait qui remonte à quelques décennies seulement, de l’achat à très bon prix d’une propriété invendue depuis un temps assez long, propriété mise en vente suite au suicide de son propriétaire mais dont l’événement avait été caché aux acheteurs et qui n’ont appris que plus tard la cause de « leur bonne fortune ».

Heureusement, notre société a évolué à ce sujet et les cas de suicide suscitent plutôt de la commisération auprès des proches et des connaissances et le désaveu social est disparu.

Mais revenons à cette dame de l’événement des derniers jours.

Propriétaire d’une voiture, vêtue d’un manteau ou d’un surtout d’hiver, donc pas totalement dénuée de moyens, âgée de 73 ans, donc ayant un vécu important, cette dame décide d’en finir avec la vie, choisit le moyen de sa disparition et l’exécute en laissant une lettre de suicide dans sa voiture avant de poser le geste qu’elle voulait fatal.

Toutefois, malgré sa préparation qu’elle a sans doute jugée adéquate, elle a négligé de conserver l’anonymat en opérant par exemple de nuit ou à tout le moins à une distance appréciable d’endroits fréquentés.

Sa décision était franche et nette, mais son état d`âme qu’elle ne contrôlait plus l’a trahie.

Que de douleur devait supporter cette femme, de mal de vivre, pour poser ce geste. Nous ne connaîtrons sans doute jamais les raisons qui l’ont amenée à cette action en principe sans retour.

Quelle qu’en ait été la cause, les émotions qui l’habitaient devaient lui être insoutenables et le recours à des aides externes inadéquat ou impossible.

De nombreux livres et articles, de nombreuses théories existent pour expliquer le suicide. J’avoue ne jamais avoir été porté àe lire attentivement aucun d’eux.

Mais je ne peux quand même pas m’empêcher de ressentir une grande empathie pour ces gens, qu’ils réussissent ou non leur tentative. J’essaie d’imaginer le trouble dans leur esprit, dans leur âme, et leur profond découragement devant la mesquinerie que la vie leur a probablement ou potentiellement offerte.

Je souhaite à cette dame malheureuse (et aurais souhaité à ceux qui sont disparus) de pouvoir trouver une âme compatissante (pas nécessairement un technologue) pour la soutenir dans son cheminement.

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